L’HISTOIRE DU CINÉMA AU HAVRE

de 1968 à nos jours

L’Unité cinéma est née de l’expérience antérieure, du bouillonnement d’idées qui a marqué mai 1968 ainsi que des questions que se posaient les animateurs de la Maison de la Culture à propos de l’action culturelle.

Jusqu’à cette date, et à quelques exceptions près, l’activité cinématographique de la Maison de la Culture s’était limitée à des projections à mi-chemin entre le « Ciné-club » et « L’Art et Essai » au Havre. Comme dans toutes les autres Maisons de la Culture, le cinéma représentait une façon économique de meubler un programme ou d’en boucher les trous.

La MCH voulait faire davantage, et de façon plus cohérente. C’est pour cette raison que l’Unité Cinéma a été créée en Janvier 1969 en lui donnant une certaine autonomie de fonctionnement au sein de la Maison de la Culture du Havre. L’Unité Cinéma a développé une politique culturelle originale qui lui a valu d’être reconnu au plan local, remarquée au plan national et même international.

L’activité de l’Unité Cinéma s’est exercée dans trois directions principales : la diffusion (programmation), l’animation, la création (production).

LA PROGRAMMATION : La première préoccupation a été d’apporter une certaine cohérence à la programmation du Théâtre de l’Hôtel de ville en équilibrant films de répertoire et films nouveaux (voire inédits), films rares ou difficiles et films « grand public », films isolés et films présentés en « séries ». Le travail de programmation de la Maison de la Culture a toujours été considéré comme complémentaire des autres efforts déployés au Havre dans le même domaine. Dans cet esprit, l’Unité Cinéma entretenait les meilleures relations avec le secteur commercial.

L’ANIMATION : L’Unité Cinéma a animé des stages et des rencontres à la demande de groupes ou d’associations ainsi que des débats à l’issue de projection de films.

PRODUCTION : Une Unité ne saurait se concevoir sans un travail dans le domaine de la création. Les films de fiction constituaient l’expérience la plus novatrice de l’Unité Cinéma. Très schématiquement, les films réalisés par l’Unité Cinéma se répartissaient en deux catégories : les films destinés exclusivement à être des instruments d’animation et de formation auprès du jeune public et les films réalisés collectivement avec des groupes, qui permettaient aussi l’ouverture des débats.

Les films de la première catégorie étaient généralement destinés à introduire un débat ou un travail d’initiation pédagogique. On y trouve des documentaires et une série de films pédagogiques réalisés en collaboration avec l’Unité Enfants et destinés à l’éveil critique du jeune public face aux produits audio-visuels. Ces films étaient conçus, réalisés et montés collectivement par des groupes socialement homogènes avec l’aide d’un animateur de l’Unité Cinéma. La méthode de réalisation de ces films s’écartait à la fois des modes de production du cinéma d’auteur et du cinéma d’amateur.

La plupart des films ont fait l’objet d’une large distribution au niveau local, national et international.

L’EQUIPE DE L’UNITE CINEMA :Vincent PINEL a mis à exécution son idéal de décentralisation culturelle en cofondant l’Unité cinéma de la Maison de la culture avec Christian ZARIFIAN. Ensemble, ils y réalisent de nombreux films et animent nombre de projections riches de leur expérience dans le métier. Le duo programmait les œuvres les plus novatrices et exigeantes. La structure s’illustrait comme un lieu d’effervescence culturelle et cinématographique à part entière.

L’équipe de l’Unité cinéma est constituée de : 

  • Vincent PINEL Directeur de l’Unité Cinéma
  • Christian ZARIFIAN, Co-Directeur de l’Unité Cinéma
  • Daniel FONDIMARE, photographe – graphiste
  • Monique BEN DJEROUA BEN AMAR (ZARIFIAN), assistante de programmation cinéma.

En 1983 Vincent PINEL part rejoindre La Cinémathèque Française en qualité de Directeur du département du film à la Cinémathèque Française. Collaborateur de plusieurs revues cinématographiques, il est également l’autre du livre « Le siècle du cinéma » chez Bordas.

En 1985 Christian ZARIFIAN part, nommé directeur de Normandie Films Productions. En 1986 il élabore le scénario du film TABLE RASE. A sa sortie en 1988, TABLE RASE rencontre un très large public local et national. Il est co-produit par « Les Films Seine-Océan » (Association qu’il vient de créer concomitamment à la réalisation de Table Rase par Christian Zarifian), Normandie Films Production et La Sept, avec la collaboration de la Maison de la Culture du Havre et de la BBC TV South.

Ce film a probablement permis aux Havrais de faire le deuil de leur ville détruite et de se réconcilier avec la ville pensée et reconstruite à partir des plans de l’architecte Auguste Perret.

Christian ZARIFIAN écrivait : « ce film opère comme l’aiguille de la couturière. Par va-et-vient répétés entre les bords de l’étoffe déchirée, il tente de les rapprocher afin d’en restaurer la continuité. Table rase est la trace imprimée, figée, de ce travail. 24 fois par seconde, le ruban de celluloïd fixe une image, à côté de celle d’avant et avant celle qui va suivre. Cette juxtaposition rend compte, de la façon la plus simple et la plus matérielle qui soit, de l’esprit du film. Avant, pendant, après, inlassablement, rapprocher les images, recoudre les morceaux d’une histoire déchirée. »

Par la suite, toujours dans sa volonté de restituer l’histoire de cette ville aux Havrais et aux visiteurs, Christian Zarifian avec la participation de Vincent Pinel édite un album intitulé « Le Havre – Photos d’identité 1851 – 1994 ». L’album raconte en images l’histoire de cette ville martyrisée et reconstruite.

La ville du Havre a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco grâce à la reconstruction novatrice en béton dirigée par Auguste Perret. Après sa destruction en 1944, Le Havre a été reconnue pour son architecture unique et sa contribution significative à l’urbanisme moderne. Joseph Abram, architecte et historien, a joué un rôle essentiel dans ce processus, aux côtés d’Antoine Rufenacht, Maire du Havre de 1995 à 2010, plusieurs fois député de Seine-Maritime, président du Conseil régional de Haute-Normandie de 1992 à 1998 et secrétaire d’État dans le gouvernement Barre entre 1976 et 1978. Le classement de la ville au patrimoine mondial de l’Unesco est une reconnaissance de son importance culturelle et architecturale.

L’INAUGURATION DE LA MAISON DE LA CULTURE 

DANS L’ESPACE OSCAR NIEMEYER

les 13 et 14 Novembre 1982

« LE TEMPS DE L’IMAGE EST VENU ! »

Alain Van Der Malière écrivait : « A audace, audace égale. Que l’œuvre/outil qu’est la Maison de la Culture du Havre soit inaugurée par Le NAPOLÉON d’Abel Gance dans la grande salle de l’Espace Oscar Niemeyer en triple écran, accompagné par la composition de Carl Davis interprétée par le Wren Orchestra of London dirigé par Rolf Wilson, donnée dans sa version la plus complète, en tout cas la plus démesurée, peut-être la plus conforme au rêve initial des années vingt-cinq, est plus qu’un symbole. »

Le choix d’inaugurer la Maison de la Culture dans l’Espace Oscar Niemeyer en Novembre 1982 par une projection d’un monument du cinéma français témoigne de la place prise par l’Unité Cinéma et de son action au Havre.

« LE STUDIO »

un équipement original

L’ouverture de la salle de cinéma « Le Studio » a pu se concrétiser grâce au soutien financier de la Ville du Havre (Monsieur Antoine RUFENACH, Maire du Havre), de la DRAC (Monsieur Jean-François MARGUERIN, directeur), de la Réserve Parlementaire (Monsieur Paul DHAILLE, député), ainsi que de la bienveillance de Madame Faury, adjointe au Maire du Havre, de Madame Cahierre du Conseil Général, et de nombreuses autres personnes qui me pardonneront, je l’espère, de ne pas toutes les citer.

Malgré les oppositions d’une grande structure culturelle havraise subventionnée, le cinéma « Le Studio » a pu s’imposer. On sait bien que chaque nouveauté se heurte toujours aux résistances, ça n’a pas échappé à la création du cinéma « Le Studio ».

En 1987, L’Association « Les Films Seine-Océan » créée par Christian ZARIFIAN a toujours eu pour vocation la production. 

Cependant, au fil des ans, d’autres besoins sont apparus, d’autres activités (éditions, formation, diffusion) sont nées.

L’association « Les Films Seine-Océan » permet encore aujourd’hui à toutes ces activités de cohabiter dans le même espace : les ateliers de formation, la restauration des films de l’Unité cinéma, la production de films, la diffusion des DVD et de l’Album au Havre et dans toute la France.

Pour ce qui est de la diffusion, la salle de cinéma Le Studio, équipée pour toute projection de film ou vidéo, permet un usage mixte, public et privé :

– usage privé pour les professionnels (rushes), les associations (projections événements), les institutions (usage interne), les établissements scolaires et universitaires (ciné-clubs), les entreprises (accueil de clients) et même les particuliers (films personnels) moyennant un prix de location abordable.

– usage public pour une programmation mensuelle avec ponctuellement des débats autour d’une œuvre, d’un réalisateur, etc…

L’ambition du cinéma Le Studio en matière de diffusion est d’être un lieu de mémoire pour les Havrais, mémoire transmise par les images animées, d’être une salle de référence qui remet en circulation les centaines de films majeurs déjà existants afin, là aussi, de retrouver la mémoire du cinéma.